Fille d'une psychomotricienne et d'un psychanalyste, Judith Godrèche a très tôt le goût du spectacle : à 8 ans, elle joue Emilie jolie devant ses camarades d'école et, à 10 ans, fait ses premiers pas devant une caméra, celle de Nadine Trintignant (L' Eté prochain, 1985). Adolescente à la forte personnalité, elle inspire Doillon qui lui offre le rôle principal de La Fille de quinze ans, le film qui la révèle en 1989. L'actrice au regard buté et aux moues boudeuses incarne l'année suivante un autre personnage marquant, celui d'une jeune fille éprise de liberté dans La Désenchantée de Benoît Jacquot (avec à la clé une nomination au César du Meilleur espoir). Une certaine gravité se dégage de la comédienne, à qui Olivier Assayas confie de nouveaux personnages tourmentés (Paris s'éveille, 1991 ; Une nouvelle vie, 1993). Tout en continuant à tourner avec de jeunes auteurs (Grande petite), Judith Godrèche prend part à des oeuvres plus populaires comme Ridicule et Beaumarchais, l'insolent, deux films d'époque sortis en 1996. Tentant sa chance à Hollywood, elle donne la réplique à DiCaprio dans L'Homme au masque de fer (1998). Lorsque la star Sophie Marceau passe derrière la caméra (Parlez-moi d'amour, récit d'une rupture en 2002), elle choisit Judith Godrèche pour incarner son alter ego. Mais celle qu'on a longtemps qualifiée d'égérie d'un cinéma intellectuel s'oriente désormais vers la comédie : elle crée la surprise en épouse coincée dans L'Auberge espagnole de Cédric Klapisch (2002), puis en bimbo blonde platine dans France boutique - compositions qui lui valent deux nominations au César du Meilleur second rôle. Dans ce même registre, Godrèche est en 2004 l'héroine de Tu vas rire mais je te quitte de Philippe Harel, dans lequel elle campe une célibataire un peu gourde mais non dénuée d'autodérision.