Créateur, avec un groupe de réalisateurs milanais, de la coopérative de production Indigena, Silvio Soldini s'affirme loin de Rome comme une des figures dominantes d'un cinéma lombard exigeant et minimaliste. Paesaggio con figure (1983) et Giulia in ottobre (1985), ses deux premiers films, font connaître un observateur quasi clinique des errances urbaines. Avec l'Air paisible de l'Occident (L'aria serena dell'ouest, 1990) et Un'anima divisa in due (1993), Soldini poursuit une sorte d'enquête sur l'impossible cheminement des êtres les uns vers les autres : les quatre protagonistes de l'Air paisible de l'Occident illustrent la dégradation des relations humaines dans une grande métropole européenne, tandis que le couple que forment un jeune Italien et une Tzigane dans Un'anima divisa in due montre les limites de l'idéalisme occidental et la brutale confrontation avec un sectarisme et une intolérance sans issue. En 1997, il signe Le acrobate, un film intimiste et sensible, retraçant la rencontre entre deux femmes que tout semble opposer. Après un documentaire sur les populations Tsiganes (Rom Tour, 1999), il exécute un étonnant revirement vers la comédie avec Pain, tulipes et comédie (Pane e tulipani, 2000), l'histoire d'une mère de famille de Pescara qui redécouvre la joie de vivre au cours d'une fugue improvisée à Venise.