Issu d'une famille juive ashkénaze, Claude Langmann se destine à une carrière de fourreur, le métier de son père. Mais l'adolescent, qui se découvre une passion pour le théâtre, se tourne vers le monde du spectacle. Elève au cours Simon, il fait sa première apparition à l'écran dans Rue de l'Estrapade de Becker en 1953, et trouve quelques petits rôles au cinéma et sur les planches. Mais Claude Langmann -devenu Berri- tarde à devenir une vedette, et décide au début des années 60 de produire une pièce de théâtre de François Billetdoux, Le Comportement des époux Bradbury, qui se révèle un échec cuisant.
Après avoir travaillé avec Maurice Pialat -son futur beau-frère- sur le film Janine, Claude Berri réalise en 1962, à partir d'une histoire lue dans un journal, Le Poulet, court-métrage qui décroche un Oscar et un prix à Venise. Il devra toutefois attendre cinq ans pour tourner son premier long, Le Vieil homme et l'enfant avec Michel Simon. Succès public, ce film inaugure une série d'oeuvres autobiographiques, le plus souvent interprétées par le réalisateur, qui relate avec tendresse et humour différents épisodes de sa vie : son adolescence (La Première fois, 1976), ses relations avec son père (Le Cinema de papa, 1970), son service militaire (Le Pistonné, 1969), ou encore sa découverte de la libération sexuelle (Sex-shop, 1972). Désemparé après sa rupture avec Anne-Marie Rassam, sa première épouse, il livre avec Je vous aime (1980) une réflexion sur la vie conjugale.
C'est en finançant ses propres films que Claude Berri se lance dans l'activité de producteur avec sa société Renn, que Pathé prendra plus tard dans son giron. A partir de la fin des années 60, il finance de nombreux longs-métrages, en prenant soin d'alterner comédies populaires -il produit la plupart des films de Zidi-, cinéma d'auteur (L' Homme blessé, Trois places pour le 26) et projets hors-normes : Tess, de Polanski (1979), Valmont de Forman (1989), L' Ours et L' Amant d'Annaud. En tant que cinéaste, après quelques films contemporains -en particulier Tchao Pantin, avec Coluche à contre-emploi-, Berri puise dans le patrimoine littéraire et historique français et signe plusieurs oeuvres à gros budget qui font la part belle aux comédiens : le diptyque Jean de Florette-Manon des Sources en 1986, puis Uranus, Germinal et Lucie Aubrac. Acteur à l'occasion, il campe un exhibitionniste dans Stan the Flasher de Serge Gainsbourg.
A la fin des années 90, Claude Berri continue d'occuper une place centrale dans le paysage cinématographique : producteur des champions du box-office Les Trois frères, Astérix et Obélix contre César et -en association avec son fils Thomas Langmann- Mission Cléopâtre, il investit aussi dans des premiers films (Ma femme est une actrice, Didier) et des oeuvres saluées par la critique (Les Sentiments). Très affecté par le décès de son ex-femme Anne-Marie puis de son fils Julien Rassam, Claude Berri revient, comme réalisateur, à un cinéma plus personnel : après La Débandade (dans lequel on retrouve son personnage de Claude Langmann), il poursuit son exploration du couple, de la rencontre à la rupture, avec Une femme de ménage, adapté du roman de Christian Oster, puis L' Un reste, l'autre part, film aux accents autobiographiques qui mêle la comédie au drame. En 2003, cet amateur d'art contemporain et de photographie est élu président de la Cinémathèque. Après avoir réalisé Ensemble, c'est tout, d'après le best-seller d'Anna Gavalda, Claude Berri produit le césarisé La Graine et le mulet et Bienvenue chez les Ch'tis, le plus grand succès de l'histoire du cinéma français.