Si on vous dit que vous allez réduire votre empreinte carbone sans pour autant limiter vos trajets dans votre chère et vieille auto roulant au diesel. Si on vous dit que vous allez garder toutes vos économies, ne pas travailler plus, mais voir votre pouvoir d’achat considérablement augmenter. Si on vous dit que vous allez protéger les espèces menacées, la couche d’ozone sans pourtant renoncer à tous les plaisirs polluants auxquels, en tout bon occidental qui se respecte, vous êtes attachés (tout en mangeant bio)… Vous direz quoi ? Vous signerez en bas du contrat pour accomplir une transformation radicale et irréversible de votre personne, à savoir, devenir un « petit être », réduire votre masse corporelle jusqu’à atteindre les 12 centimètres de hauteur !
C’est le pitch de cette comédie d’écolo-anticipation concoctée par Alexander Payne et son co-scénariste Jim Taylor. L’idée de base peut sembler complètement barrée (et d’ailleurs, elle l’est), voir carrément tarte, et pourtant, c’est bien la première – et pas la seule – réussite du film que de parvenir à nous faire avaler, au bout de quelques minutes à peine, la crédibilité de cette improbable histoire.
Il fallait y penser et des chercheurs scandinaves y sont parvenus : réduire l’espèce humaine, sans la moindre séquelle (certes il faudra déplorer quelques explosions dues à la présence de plombages dentaires…), à une armée de petits bonhommes miniatures en vue de réduire l’impact néfaste de sa présence sur une planète déjà bien endommagée.
La nouvelle va très vite se répandre partout dans le monde pour finalement atterrir entre les oreilles de Paul Safranek, dans un bled quelconque des Etats Unis où l’on voit la vie en format XXL. Paul, c’est un gars tout ce qu’il y a de plus tranquille qui exerce avec sérieux et conscience son travail d’ergothérapeute dans des usines où il donne à des ouvriers épuisés des conseils avisés pour ne pas définitivement se tuer à la tâche. Il n’est pas vraiment l’incarnation de la joie de vivre et galère tous les mois pour joindre les deux bouts… Alors quand une vieille connaissance se présente à lui sous une forme lilliputienne en vantant les mérites de ce rétrécissement salutaire qui lui permet de s’acheter une rolex avant 50 ans, une maison avec piscine et passer ainsi aux yeux de son épouse également réduite pour un mec qui a pleinement réussit sa vie, il se dit que l’aventure dans le monde parallèle des gens de petite taille est bien alléchante…
Au delà d’un récit très premier degré sur le rapetissement des personnages et la confrontation des deux mondes dans la lignée du génial L’Homme qui rétrécit, technologie numérique en plus, c’est bien entendu une fable écolo et humaniste que nous livre Alexander Payne. Un apologue aussi critique que ludique sur une humanité qui ne pense qu’à consommer, à s’empiffrer, à voir toujours plus gros en restant sourde à la misère qui frappe jusque sous ses fenêtres et aux blessures sans doute mortelles d’une planète qui suffoque. Le film ne réussit pas toujours à éviter un discours écolo-baba-bobo un peu simpliste mais raconte finalement, l’air de rien et avec fantaisie, qu’il serait grand temps de larguer cette société XXL pour un peu de décroissance, de simplicité et de frugalité… Un beau programme, mais moi je garde mon mètre soixante treize.